"Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, tous qui ressemblent aux prisons ?" (Michel Foucault)
« Big Brother is watching you », prédisait George Orwell dans son livre 1984 qu’il a publié en 1948. Il imaginait alors un régime de type totalitaire, sans plus aucune liberté d’expression, où toutes vos pensées et vos gestes sont surveillés… Certains accusent parfois les Etats occidentaux obnubilés par la sécurité de tendre à cet exemple de totalitarisme, ce qui est peut-être exagéré. Et pourtant…
Cette semaine dans le Courrier International, je tombe dans la rubrique Royaume-Uni sur un article intitulé « Votre code postal sait tout de vous » : plutôt intriguant comme approche… Et en effet, l’article est assez surprenant. Je vous en livre quelques détails.
Selon le Daily Telegraph, des études socio-professionnelles ont été réalisées qui déterminent le profil général des habitants selon le code postal : ainsi, on a le moyen de connaître votre salaire, votre solvabilité, votre patrimoine immobilier, vos loisirs, votre entourage, votre appartenance politique ou encore les émissions de télévision que vous regardez, le journal que vous lisez ou les sites internet que vous fréquentez.
Mais à qui profitent donc ces informations, qui sont accessibles à tous sur Internet ? Pour l’instant, elles sont utilisées par les services de centre d’appel qui peuvent ainsi classifier les appels en fonction de la catégorie socio-professionnelle du client : les clients « très riches » seront alors traités avec beaucoup plus de déférence, ce qui est déjà un facteur d’injustice sociale (tout le monde est à égalité derrière le téléphone…).
Mais ces données sont parfois l’objet de revendications incongrues et toutefois compréhensibles : ainsi, les promoteurs immobiliers font pression sur le gouvernement pour qu’une ville qui tire le niveau global vers le bas sorte de la définition du code postal du site où ils veulent construire, afin de mieux vendre les appartements. Qui sait ce qui adviendra de ces informations par la suite : comme George Orwell en son temps, on peut tout imaginer…