"Tout est provisoire et tout s’achète. L’homme est un produit comme les autres, avec une date limite de vente." (Frédéric Beigbeder)

Publié le par Océanes

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            Un petit post ciné, ce qui est exceptionnel puisque je n’ai généralement pas le temps d’y aller. Je vais vous parler d’un film pour lequel on a fait beaucoup de publicité dernièrement – ce qui est ironique par rapport à son contenu, comme vous le verrez plus loin – et qui est ce qu’on pourrait appeler « politiquement incorrect ». C’est la mode me direz-vous. Certes. Mais il me semble que ce film va un tout petit peu plus loin que la simple provocation.

            Il faut tout d’abord parler du livre qui a inspiré cette transposition : 99F de Frédéric Beigbeder. Pour un homme qui critique le système, on dit toujours qu’il y est immergé jusqu’au cou : né à Neuilly dans une famille aisée, il a fait l’IEP de Paris puis l’école de journalisme du CELSA pour travailler dans le milieu de la pub, avant de passer par la case petit écran et celle de l’édition, sans parler bien entendu de sa carrière d’écrivain.

            Pourtant, il parvient par de petits indices à se décaler de son image de personnalité provocante des nuits parisiennes cocaïnée et alcoolisée pour montrer un caractère plus émouvant, rêveur et presque nostalgique d'un temps qui n'a jamais existé. Derrière sa morgue snob par laquelle il se représente dans la figure d’Octave (personnage principal de 99F), on trouve un regard comico-désabusé (je suis une littéraire et j’invente des mots) mais pas désespéré sur le monde. Ceux qui ne veulent voir en lui que le dandy insupportable qu’il veut afficher n’ont pas saisi la profondeur et la malice inhérente au personnage.

            Le livre tout comme le film joue sur cette corde fine, entre provocation pure et émotions diffuses et confuses. La production est une très bonne adaptation, avec de bonnes idées de mises en scène, mais il est vrai qu’il tire toute son essence de l’original écrit. Toutefois, il me semble que le film, peut-être encore plus que le livre, s’adresse à un public ciblé entre 15 et 35 ans, notamment par le choix de certaines références, ou même par le sujet qui touche une génération coincée entre la volonté d'une liberté de consommation et l'emprisonnement par la pub.

On peut éventuellement se rendre compte de ce trait captivant et poignant de l’auteur, qui se cache derrière sa muraille de provocation, en lisant Windows on the World, paru en 2003 et qui a reçu le prix Interallié la même année : Frédéric Beigbeder y fait un parallèle saisissant entre la tour Montparnasse et les World Trade Center le 11 septembre 2001. C‘est un des livres qui m’a le plus touchée, avec La Fortune des Rougon de Zola, mais ceci est une autre histoire de livre

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